Après plusieurs années d’attente, plusieurs années sans grandes innovation, Mavic frappe fort avec un nouveau concept qui s’avère prometteur.
Invités à la présentation d’une nouvelle paire de roues au bord du lac d’Annecy, nous avons eu la chance de découvrir les nouvelles R-SYS bénéficiant du concept TraComp, déjà breveté.
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Concrétement, ce système s’avère totalement nouveau et remet en cause le fonctionnement d’une roue de vélo. Afin d’expliquer clairement le concept, il est nécessaire de rappeler le fonctionnement d’une roue conventionnelle.
Le fonctionnement d’une roue.
L’intégrité de la roue est obtenue par tension des rayons. Chaque rayon tire la jante dans une direction et, la somme de toutes les tensions permet de solidariser la jante, le moyeu et les rayons/écrous. Lors d’accélérations, en danseuse ou en sprintant, une force latérale (F sur le dessin) s’applique sur la jante et la roue se déforme donc, plus ou moins en fonction de sa rigidité latérale. Les rayons situés du côté où la charge est appliquée se retendent (les rayons A sur le dessin) alors que ceux côté opposé perdent de la tension (rayons B).
Ci dessous, une photo de rayons détendus à cause d’une charge appliquée sur la jante.
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Réactions d’une roue conventionnelle face à une charge latérale
Quand la charge appliquée est très importante, l’écrou du rayon quitte son appui (photo B) constitué par l’oeillet ou la paroi intérieure de la jante si elle est en carbone ou en aluminium sans oeillet. Première conséquence : dans la majorité des cas, l’écrou profite de ce mouvement pour se dévisser du rayon donc la roue voile. Deuxième conséquence : la roue perd beaucoup de rigidité car, seulement les rayons d’un côté de la roue résistent à la charge. |
Photo © Mavic
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Réaction à une charge latérale appliquée sur une roue utilisant le concept TraComp
Les rayons sont vissés sur la jante à l’instar d’une Ksyrium ES standard. Ils sont donc fermement bloqués et tout jeu dans le filet est rendu inexistant grâce à l’ajout d’un produit bloquant. Au niveau du moyeu, les rayons sont aussi bloqués par l’intermédiaire d’une bague aluminium, rigide et résistante à la compression.
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Ainsi, lorsqu’une forte charge latérale est appliquée, les rayons censés être totalement détendus sur une roue conventionnelle entrent en compression. Ce phénomène est rendu possible par deux choses. L’utilisation de rayons très rigides. En carbone tubulaire, ils sont étonnamment plus rigides que des rayons standard en inox (par exemple) et, ne fléchissent pas sous la contrainte. Si des rayons plus souples avaient été employés pour ce système, ils auraient tout simplement « flambé » (fléchi), et le système se serait avéré inutile.
Ensuite, l’utilisation de basses tensions facilite l’entrée en compression du rayon. Avec des tensions très élevées, le concept se serait avéré inutile aussi puisque, les rayons qui se détendent à cause de la charge latérale resteraient toujours partiellement tendus.
Dernière spécificité du système, les faibles tensions stressent moins la roue et permettent d’alléger tous les composants.
Concrétement, quels sont les avantages et inconvénients du TraComp?
Un gain de poids
Pour donner quelques chiffres, grâce à ce système, Mavic a pu baisser le poids de sa jante sous les 400g. Certes, il existe toujours plus léger pour des jantes aluminium mais, le standard pour une roue toute montée est dorénavant excellent.
Les rayons en fibre de carbone unidirectionelle sont ronds et creux, d’un diamètre extérieur de 4mm et intérieur de 2,6mm. Le poids est de 5g ce qui est similaire à un Cx-ray assez long (pour jante plate).
Le poids total de la paire de roues atteint 1355g en version pneus et 1340g en version boyaux.
Un gain de rigidité
Le système TraComp a la particularité de permettre une roue avec de faibles tensions dans les rayons. Ainsi, il est possible de concevoir une roue avec un parapluie plus large pour augmenter la rigidité latérale sans risque de déréglage ou de bris de rayon à cause du manque de tension. Par rapport à une Ksyrium ES, le "flasque" côté opposé roue libre est placé 4mm plus près de la patte de cadre.
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La résistance à la traction des rayons est supérieure à ceux des rayons standard, elle grimpe a des valeurs de 300 à 500 daN contre 260 daN pour un Cx-ray. Leur raideur est exceptionelle et, permet notamment d’obtenir de bonnes valeurs de rigidité sur la roue complète. D’après Mavic, le rayonnage (le nombre de rayons et leur raideur) influe sur 36% la rigidité complète de la roue. A titre d’information, la jante ne joue que sur 10% maximum, et le parapluie sur près de 50%…
Pour gagner encore plus de rigidité, Mavic avait une autre solution: diminuer le diamètre intérieur de ses rayons, voire même utiliser des rayons pleins. La résistance au fléchissement aurait été augmentée de 18% mais la hausse de poids atteindrait 42% par rayon, soit 60g supplémentaire sur la paire de roue…
Pour donner des chiffres, la rigidité latérale de ces nouvelles R-SYS atteint 56N/mm à l’avant comme à l’arrière. A titre de comparaison, les Lightweight Standard atteignent, respectivement à l’avant et à l’arrière 60 et 43N/mm.
Pour démontrer ces chiffres, Mavic a eu la bonne idée d’apporter la machine testant la rigidité latérale des roues. Cette dernière est reliée à une table traçante qui, par l’intermédiaire de divers capteurs, enregistre et traçe la courbe de rigidité.
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Voici les résultats obtenus pour plusieurs roues testées. La courbe représente le déplacement latéral de la jante sous une contrainte. La pente de la courbe représente donc la rigidité de la roue: plus la courbe monte rapidement, plus la roue est rigide latéralement.
La première courbe est celle de la R-SYS, il est évident qu’il s’agit de la plus rigide du test.
Les roues testées sont celles de journalistes présents ce jour là. ll ne s’agit pas de roues apportées par Mavic pour le test.
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Un gain en confort ?
Il s’agit d’un paramètre peu important même si Mavic communique à ce sujet. La déformation verticale d’une roue est infime par rapport à la déformation d’un pneumatique, mais il est tout de même intéressant de savoir dans quelles proportions le changement d’architecture par rapport à une Ksyrium ES modifie la rigidité frontale.
Ainsi, à l’avant l’utilisation de ces rayons carbone durcit la roue puisqu’un gain de 100N/mm se fait sentir entre la Ksyrium ES et la R-SYS (de 1600 à 1700N/mm). A l’arrière, l’augmentation du parapluie permet d’augmenter les déformations et devrait, à l’usage, procurer plus de confort. La rigidité frontale à l’arrière est de 1400N/mm contre 1600N/mm pour la ES. L’utilisation des rayons aluminium côté roue libre, joue aussi un rôle dans ce gain de souplesse verticale. Les rayons en carbone tubulaire auraient pu être utilisé mais la rigidité verticale atteignait alors un summum, résultant en un inconfort évident.
De plus, à cause de leur gros diamètre, le parapluie côté roue libre aurait du être diminué pour les rayons pousseurs. Les tensions auraient donc été plus hétérogènes. Finalement, les rayons aluminium sont plus tolérants vis à vis des dérailleurs mal réglé et un remplacement s’avérerait aussi plus abordable.
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Une perte d’aérodynamisme !
Evidemment, d’un point de vue vitesse, ces roues sont encore plus "lentes" que les Ksyrium qui ne brillaient déjà pas pour leur aérodynamisme. La faute aux rayons très larges qui offrent une surface importante de contact avec les flux d’air. En clair, sa traînée est 1,35 fois plus importante que la Ksyrium ES, ou 1,57 fois plus que la Cosmic Carbone Ultimate.
Quid des dimensions?
En ce qui concerne les dimensions, en version boyau, les jantes avant et arrière sont d’une hauteur de 22mm. En version pneus, l’avant est identique à la version boyau alors que l’arrière passe à 25mm pour des raisons de résistance des matériaux entre les parois intérieures de la jante.
La jante arrière est asymétrique pour optimiser l’équilibre entre les deux nappes de rayons.
Les rayons sont au nombre de 16 à l’avant et 20 à l’arrière.
Des roues personnalisées!
Chaque journaliste avait ses roues gravées au nom de son magasine. Effet garanti!
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Les accessoires.
Fournis avec les roues, les outils permettent de démonter aisément la bague permettant la compression des rayons. La clé à rayon, l’outil pour tenir les rayons plats lors de la mise en tension des rayons, et la clé de réglage des roulements sont aussi fournis.
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L’aimant de compteur est placé directement sur un rayon. Sa position est modifiable très simplement.
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En bref…
Le tarif est établi à 1100 euros pour la paire de roue plus les divers accessoires. La limite de poids est de 100kg.
Pour résumer, Mavic a sorti cette fois ci un système vraiment innovant. Le concept est tellement simple et évident qu’aucune autre marque n’y avait pensé avant! Nous espérons découvrir dans peu de temps diverses déclinaisons de ce système.
Bien vu les p’tis hommes en jaune!