Voici donc la première partie du test, ouf!
Comme pour la dernière partie du grand test de 2008, nous avons pris un retard difficile à rattraper au niveau du site internet. Entre l’activité professionnelle et la vie privée, difficile de trouver des heures pour tester, comparer, rédiger, mettre en page puis traduire! Ceci dit nous y sommes et cette fois ci c’est parti pour de bon. Merci pour votre patience.
Les constructeurs nous ayant fait confiance pour ce test sont Aerozenith, Corima, Lightweight, Mavic et Reynolds. En tout 9 paires de roues actuellement commercialisées seront testées. A ces 9 paires, nous avons décidé d’intégrer 3 paires de roues dont la production a été stoppée. Les premières sont les Lew Racing, produites jusqu’en 2009 qui restent les roues les plus nerveuses jamais fabriquées. Les secondes sont les Lightweight standard génération 2, longtemps mises en avant pour leurs excellentes caractéristiques. Les troisièmes sont les ADA. Ces deux dernières paires seront ajoutées dans les prochains jours car nous n’avons pas souhaité vous faire patienter davantage.
Les roues absentes de ce test sont les Madfiber et les Corima Aero MCC+, les fabricants n’ayant pas souhaité nous confier ces dernières à cause d’une production actuellement insuffisante.
Précision et conception
Dans cette première partie nous vous ferons découvrir chacune des roues et le concept sur lequel elles reposent. Vous pourrez trouver commentaires, explications, les poids détaillés, les valeurs de précision, les tarifs de vente, le tout illustré par un maximum de photos.
Sur le précédent test, nous n’avions pas mesuré la précision des roues. Pourquoi le faire ici? Les roues full carbone, par leur conception singulière ne permettent pas les ajustements post-production contrairement aux roues conventionnelles qui disposent de rayons sous tension. Compte tenu des tarifs généralement pratiqués sur des produits de ce type, il nous a paru important de mesurer ces écarts de précision en voile, en saut et en centrage. Ces valeurs seront donc, en partie, représentatives de la maîtrise du procédé de fabrication, et du niveau global de qualité que le fabricant souhaite donner à son produit.
Explications sur les valeurs de précision et critères de comparaison
Voile: l’amplitude totale du voile est mesurée sur un banc de montage.
Pour point de comparaison, sur une roue conventionnelle à rayons sous tension, le voile ne dépasse généralement pas 0,2mm, valeur sous laquelle il est impossible de constater le moindre mouvement latéral. Sous les 0,5mm, la précision du produit reste tolérable.
Saut: l’amplitude totale du saut est mesurée sur un banc de montage. Les raccords pour la fabrication des jantes ne sont pas pris en compte, dans la mesure du possible. Pour point de comparaison, sur une roue conventionnelle , le voile ne dépasse généralement pas 0,2mm, valeur sous laquelle il est impossible de constater le moindre mouvement latéral. Sous les 0,5mm, la précision du produit reste tolérable.
Centrage: décalage par rapport à la position parfaitement centrée de la roue. Pour point de comparaison, sur une roue conventionnelle à rayons sous tension, le décalage ne dépasse généralement pas 0,1mm. Sous les 0,5mm, la précision du produit reste tolérable.
Les valeurs communiquées en vert sont correctes.
Celles communiquées en orange sont améliorables.
En rouge seront notées les valeurs « hors-jeu ».
Aerozenith
Au pays de la pipe, Aerozenith a sous-traité les jantes carbone d’un leader du marché de la roue. Après un arrêt du contrat, les industriels se sont lancés eux mêmes dans la fabrication d’un produit original.
La X1000 est construite en France sur la base d’une jante en carbone 3K de forme incurvée, à structure mousse, et d’une hauteur de 35mm, asymétrique à l’arrière. Son rayonnage vient d’être mis à jour en Avril 2011: la précédente version disposait de rayons carbone larges et très fins comme des lames, les nouveaux ont une forme ovale plus aérodynamique qui réduira certainement la traînée et la prise au vent.
En ce qui concerne le rayonnage, il est collé dans la jante et dans le moyeu dont les flasques sont de très grand diamètre. Il y a, semble t-il, aucune tension dans les rayons qui bougent aisément entre les doigts. A l’avant et à l’arrière côté opposé roue libre, les rayons sont radiaux. Côté roue libre, ils sont croisés et tangents au moyeu.
Avis: la masse des X1000 est dans la moyenne des roues du test. Ses valeurs de précision de voile et de centrage sont correctes pour un produit full carbone, toutefois le saut mériterait une petite amélioration pour ne pas dépasser 0,4/0,5mm. La finition globale du produit est excellente, les moyeux et jantes ne souffrent d’aucun défaut esthétique.
Les surfaces de freinage sont biseautées et non pas parallèles ce qui pourra s’avérer être un gros désavantage lors des changements de roue ou du réglage des patins de freins.
Du côté du look global, les jurassiennes sont chargées et habillées avec des stickers épais d’une autre époque. Le packaging global basique n’est pas à la hauteur d’un produit vendu 3400 euros: des housses nylon très fines et des attaches rapides basiques.
Corima
L’entreprise dromoise a mis au point un nouveau concept en 2009. Les roues MCC+ full carbone disposent de 12 rayons carbone UD collés dans la jante et le moyeu. De forme ronde, ces rayons sont pleins et s’évasent vers la jante: leur diamètre important près du moyeu diminue donc en s’approchant de la jante. Par leurs caractéristiques, ces rayons ronds sont très rigides et optimisent un peu l’inertie de rotation. En effet en évasant ces derniers, la masse en rotation diminue quand le rayon de rotation augmente. De même l’aérodynamisme s’en trouve logiquement un peu amélioré: les rayons sont fins où la vitesse de rotation est la plus importante.
Le rayonnage est radial à l’avant et à l’arrière côté opposé roue libre. Le côté roue libre est logiquement tangent au moyeu. La fibre de carbone employée sur les roues Winium est le 3K. Sur les MCC+ Aéro, la surface de freinage est en fibre 12K.
Avis: Le design épuré des MCC+ est assez peu commun sur le marché des roues full carbone. Il plaît beaucoup. La distance séparant les groupes de rayons est importante et laisse perplexe sur la rigidité globale que pourrait atteindre le produit. Les tests sur banc de mesure confirmeront, ou pas, ce point. La masse des roues est très intéressante. Les paires de roues sous le kilogramme sont assez rares en 2011.
En terme de précision, le saut de la roue avant est améliorable tandis que le centrage de la roue arrière pourrait être dérangeant sur certains cadres ou pour le centrage du frein après un changement de roues. Finalement, le tarif de 2650 euros est très placé pour des roues qui semblent prometteuses. En ce qui concerne ce qui entoure le produit, nous regrettons la présence d’attaches rapides Joytech et les housses nylon très fines qui ne correspondent pas au niveau de qualité global du produit.
Lew Racing
La marque américaine a disparue courant 2009. Le concept a été toutefois repris par Reynolds. Nous avons souhaité inclure les Pro VT1 pour comparaison avec les produits actuels. En effet ces roues restent, par expérience, les plus dynamiques jamais construites. Ces roues disposaient de jantes creuses de 44mm de hauteur pour 19mm de largeur, dotées d’un petit appendice appelé « générateur de turbulence » qui est supposé améliorer l’aérodynamisme et réduire la prise au vent sur cette dernière. Les 16 rayons à l’avant sont radiaux.
Sur l’arrière le moyeu a la particularité de disposer de 3 flasques séparés dont un central qui reçoit des rayons tangents au moyeu et dans l’axe de la jante. Les deux autres flasques ont des rayons radiaux.
Tous les étages de cette paire de roues étaient en carbone unidirectionnel renforcé de bore: axe, moyeux, rayons, jantes.
Avis: La grande force de ces roues résidait dans leur inertie extrêmement faible qui rendait les accélérations incroyablement faciles. En parallèle, ces roues souffraient d’un manque de fiabilité notamment au niveau de l’axe de la roue arrière qui cédait à terme, et de la jante dont la planéité se dégradait sur les dernières séries produites. En ce qui concerne celles testées ici, elles ont plus ou moins 2000km au compteur et sont parfaitement saines au niveau des jantes. Le moyeu arrière a totalement été remplacé par Reynolds.
Le voile sur la roue arrière a toujours existé. Le saut est juste à la limite du tolérable. Ces roues étaient commercialisées aux alentours de 5000 euros.
Lightweight
Les allemandes bénéficient de plus de 15 années d’améliorations. A l’origine produites par Heinz Obermayer et Rudolf Dierl de manière totalement artisanale, le produit est aujourd’hui courant et la production est industrialisée.
Les présentations ne sont plus vraiment à faire, en effet nous avons déjà eu l’occasion de présenter ces roues sur de multiples articles par le passé.Toutefois, pour ceux qui auraient raté des épisodes, voici un résumé de la conception de ces roues. Deux modèles sont disponibles : la version 53mm produite à l’origine, et la version taille basse Ventoux de 28mm sortie en 2005.
Toutes les roues mettent en avant la même conception où les rayons carbone sont enroulés autour du moyeu et collés dans la jante. Au fil des années les roues ont à la fois été allégées par une structure mousse plus légère dans la jante (génération 2) et rigidifiées via des rayons 100% carbone UD (génération 3) plutôt qu’en composite carbone/kevlar.
Pour 2011, la piste de freinage est renforcée ce qui amène quelques grammes supplémentaires aux jantes et un chouïa de rigidité latérale aussi.
Avis: Toutes les roues Lightweight sont d’une finition à couper le souffle. La sobriété du produit lui a fait traverser les années sans se déprécier. 15 années après leur sortie, ces pionnières sont toujours au sommet de l’affiche.
La précision globale des roues est correcte mais toutefois améliorable. Nous avons en effet noté des sauts qui dépassent les 0,5mm de tolérance, surtout sur le modèle Ventoux, et un décentrage important sur la roue arrière Standard.
Les roues Lightweight sont fournies avec des housses brodées, d’excellente qualité, très épaisses, équipées de pochettes intérieures. Les attaches rapides fournies disposent d’un levier mi carbone, mi aluminium, elles sont très légères et fabriquées par une référence du milieu. Pour finir en ce qui concerne le packaging global, une pochette brodée comprend tous les accessoires nécessaires au fonctionnement : patins de freins fabriqués par Swissstop, les prolongateurs, la notice d’utilisation. 20/20 pour le packaging !
Les tarifs pratiqués vont de 2850 euros pour les Standard à environ 4000 euros pour les Obermayer.
Mavic
Sortie en 2007, la Cosmic Carbone Ultimate a rapidement trouvé le chemin des équipes Pro Tour et ne le quitte plus. Ces roues full carbone reprennent la conception Lightweight/ADA sur laquelle les rayons sont enroulés autour des moyeux puis collés dans la jante. Le produit est donc très proche. Il a toutefois sa particularité puisque le coté opposé roue libre de la roue arrière a des rayons carbone collés dans la jante puis vissés sur le moyeu. Ceci autorise donc les éventuels dévoilages.
Les jantes des CCU mesurent 41mm de hauteur, l’arrière est asymétrique. Elles sont liées aux moyeux carbone avant et aluminium arrière par 20 rayons carbone uni directionnel. Avis : Très légères dans l’absolu, les françaises sont toutefois les plus lourdes du comparatif. Elles montent généralement sur les premières marches des podium pour leur rigidité ce que nous ne manquerons pas de vérifier dans un prochain épisode.
En terme de finition, les Cosmic Carbone Ultimate sont assez brutes par rapport à d’autres concurrents: quelques petits manques de résine, l’aspect de surface est très rude.
La précision de ces roues est correcte, nous avons pu noter que le saut est juste à la limite de l’acceptable. De même le centrage de la roue arrière dépasse les valeurs habituelles de tolérance.
Le packaging est correct: housses légèrement rembourrées, attaches rapides Mavic habituelles, patins de freins Swissstop Yellow King, prolongateurs.
L’effort d’originalité n’a pas été le leitmotiv lors de la conception de ce modèle. Ce modèle est trop proche d’un point de vue conception de son concurrent principal. Ces roues sont commercialisées autour de 2800 euros.
Nous avons apprécie le côté réfléchissant des stickers.
Reynolds
Descendantes des Lew Racing Pro VT1, les RZR pour Razor de Reynolds ont été présentées fin 2009 pour une commercialisation en 2010.
Leur design est similaire: les rayons carbone de forme ovale sont collés dans le moyeu et la jante. A l’arrière, la roue dispose toujours du troisième flasque central où les rayons sont tangents au moyeu et dans l’axe de la jante.
Les jantes sont toutefois de dimensions différentes: 46mm contre 44mm, et elles sont plus larges de 2mm. Le produit est renforcé et fiabilisé, il affiche donc quelques dizaines de grammes de plus que l’original.
Les RZR existent en deux versions de poids et de rigidité/résistance différentes. La première paire affiche 900g. La seconde, version Team, affiche 1150g environ. Cette dernière version reçoit des éléments plus robustes notamment au niveau des rayons de plus forte section, de la jante dotée de renforts Kevlar et des axes en aluminium plutôt que carbone.
Avis : Les roues RZR standard sont les plus légères (disponibles) du comparatif. La conception spécifique de la roue arrière est unique sur le marché. Les précisions sont généralement dans la bonne moyenne, néanmoins la roue arrière Team aurait mérité un voile et un saut mieux maitrisé.
Cette version Team renforcée et rigidifiée est conçue en priorité pour les coureurs. Il s’agit de roues qui pourront encaisser davantage d’impacts que le modèle standard.
A l’instar des Mavic CCU, l’effort d’originalité pour ces roues est faible puisque le produit existait déjà.
Le packaging global est très bon. Les housses de roues sont bien matelassées, les attaches rapides fabriquées par Parts of Passion offrent satisfaction pour le serrage, le poids et leur originalité. De même les nouveaux patins Reynolds Cryo, bleus, d’excellente propriétés, sont inclus. Le tarif de vente dépasse les 4500 euros.
Merci d’avoir pris la temps de découvrir cette première partie. Nous espérons qu’elle vous aura mis l’eau à la bouche et que vous pourrez attendre patiemment la suite.
Sachez que toutes les autres mesures sont enregistrées: rigidité latérale, inertie, couple résistif des moyeux sous charge, et qu’il ne reste donc plus que les articles à rédiger, mettre en page et traduire. Ceci sera fait dans les plus brefs délais. Merci encore pour votre patience.
Adrien Gontier.
Grand test roues full carbone 2011 – partie 0 – Introduction
Grand test roues full carbone 2011 – partie 2 – Inertie
Grand test roues full carbone 2011 – partie 3 – Rigidité
X1000 |
Poids |
Rayonnage |
Voile (mm) |
Saut (mm) |
Centrage (mm) |
avant |
440g |
16 radiaux groupés par 2 |
0,3 |
0,6 |
0,1 |
arrière |
664g |
20 radiaux/croisés, groupés par 2 |
0,4 |
0,6 |
0,25 |
paire |
1104g |